Selon le modèle de Goleman, nous devons avoir conscience de nous-mêmes pour devenir compétents dans tous les autres domaines de l’IE. La conscience de soi est le fondement de la pyramide de l’intelligence émotionnelle. Elle implique non seulement d’être en mesure de nous observer nous-mêmes, mais aussi de reconnaitre les liens entre nos pensées, nos émotions et nos réactions.
Les recherches menées par la psychologue organisationnelle Tasha Eurich révèlent que 95 % des gens pensent être conscience d’eux-mêmes, mais qu’en fait, seuls 10 à 15 % des gens le sont réellement.
La pleine conscience consiste à devenir témoin de nos pensées, de nos sentiments et de nos sensations physiques, sans nous laisser emporter par ceux-ci, ni les juger ou y réagir. « Avec la pleine conscience, nous observons tout ce qui se passe dans notre esprit », écrit Goleman. C’est aussi simple que cela. Un des exercices de la pleine conscience est la méditation. Il s’agit de prendre un peu de temps (pour ma part, j’ai commencé par 6 minutes, chaque matin), de s’assoir et de concentrer son attention sur sa respiration. Lorsque l’esprit vagabonde, ou lorsqu’une émotion ou une sensation physique surgit, l’exercice consiste à remarquer la pensée, l’émotion ou la sensation, puis à ramener l’attention sur le souffle. Le but n’est pas d’arrêter de penser ou de ressentir, mais plutôt d’observer tout ce qui se passe, sans jugement ni emportement.
Yuval Harari, l’auteur des bestsellers internationaux Sapiens et Homo Deus, médite deux heures par jour (ce qui est beaucoup pour quiconque, ne vous inquiétez pas), et explique que la méditation
« n’est pas une manière d’échapper à la réalité. C’est plutôt entrer en contact avec la réalité. Au moins deux heures par jour, j’observe la réalité telle qu’elle est, alors que pendant les 22 autres heures, je suis submergé par les courriels, les tweets et les vidéos de chats. »
La pratique de la pleine conscience nous permet de voir tout ce qui se passe réellement en nous – « la réalité telle qu’elle est » – ce qui ouvre une voie vers la conscience de soi. Ce qui se produit avec le temps, lorsque nous persévérons à développer notre pleine conscience, c’est que nous commençons à remarquer les liens entre nos pensées, nos émotions, nos sensations et nos comportements. Ces liens qui, lorsqu’on ne les voit pas, nous mènent.
Voici un exemple d’un lien que j’ai remarqué en pratiquant la pleine conscience : pendant que je travaille, une pensée surgit : « Je ne suis pas qualifiée pour ce travail… je ne suis pas assez bonne pour être ici. » Cette pensée déclenche alors des sensations physiques dans mon corps : des picotements dans les doigts, une accélération du rythme cardiaque et un essoufflement. Je reconnais alors ces sensations comme de l’anxiété, c’est-à-dire comme une émotion. Comme je n’aime pas me sentir anxieuse, j’arrête ce que je fais pour regarder des photos sur Instagram, ou alors pour mettre la main sur une collation sucrée : une réponse comportementale par laquelle je cherche à obtenir un soulagement à court terme de l’anxiété que je ressens.
En remarquant ce qui se passe en moi, la chaine pensée-sensation-émotion-réaction ci-dessus, j’ai franchi la première étape afin de changer mes habitudes malsaines. Cet exemple montre que la conscience de soi, le premier domaine de l’IE, précède nécessairement la gestion de soi (le second domaine de l’IE). Sans la pratique de pleine conscience, par laquelle j’ai pu voir l’effet domino qui se produit à l’intérieur de moi, je n’aurais pas su changer mon comportement.
Une autre chaine souvent rapportée par les dirigeants conscients d’eux-mêmes est la suivante :
Émotion : peur de l’échec → Pensée : « Mon employé X ne fait pas son travail consciencieusement, ce qui risque de donner une mauvaise image de moi comme patron » → Sensations : poitrine qui se serre, rythme cardiaque qui s’accélère → Réactions : se fâcher en criant sur X et terminer la tâche soi-même.
Dans cet exemple, une dirigeante qui pratique la pleine conscience pourrait reconnaitre que c’est sa peur de l’échec qui est à la source de ses pensées, ses sensations et ses réactions. Elle pourrait alors prendre conscience du travail qu’elle doit faire pour comprendre avec maturité sa peur injustifiée. Dans un effort d’un tout autre ordre, elle pourrait encadrer et guider son employé qui ne semble pas réaliser son plein potentiel.
Les données sont unanimes : se comporter avec empathie, patience et écoute est la façon la plus durable de diriger.
L’impulsivité émotionnelle entraine des résultats négatifs au travail et dans la vie, tant pour la personne impulsive que pour la personne qui en fait les frais.
Il est important de noter qu’il ne peut y avoir de gestion de soi sans conscience de soi. La conscience de soi doit être développée en premier, et elle nécessite un entraînement intentionnel à long terme, car elle n’est pas innée chez nous. Cet entraînement, c’est d’abord la pratique de la pleine conscience.
Un autre élément essentiel qu’ont découvert les neuroscientifiques : les émotions sont contagieuses. Les employés peuvent « attraper » les émotions de leurs collègues ou leurs dirigeants. Tout comme l’arrière d’un bateau crée un sillage, les émotions que nous projetons ont un impact sur notre environnement (et ce, qu’on le souhaite ou non). Apprendre à se connaitre par la pleine conscience est une étape nécessaire pour percevoir clairement une émotion ressentie, afin de pouvoir la gérer efficacement et d’éviter de la transmettre aux autres.
En somme, rappelons-nous qu’« entre le stimulus et la réponse, il y a un espace; que dans cet espace, nous avons le pouvoir de choisir notre réponse; et que dans notre réponse résident, enfin, notre épanouissement et notre liberté ». La pratique de la pleine conscience nous permet d’accroitre l’espace entre le stimulus et la réponse. Elle trace le chemin vers la conscience de soi, le véritable fondement de l’intelligence émotionnelle.
Nous vous invitons à faire le premier pas pour développer votre intelligence émotionnelle en téléchargeant l’une des multiples applications de pleine conscience gratuites (comme Awakened Mind, Petit BamBou, Ten Percent Happier ou Calm) et à ne pas hésiter à nous envoyer vos questions, tout au long de votre parcours vers la conscience de soi.
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